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L’innovation comme source de valeur pour le négoce agricole

Lors du congrès technique de la FNA organisé à Orléans, jeudi 23 novembre, le président Antoine Pissier a invité les négociants à « penser à demain en mettant en place et en testant aujourd’hui les outils qui fonctionnent déjà ».

C’est un congrès technique innovant, bardé de nouvelles technologies et de datas, que la FNA a proposé à ses négoces adhérents, jeudi 23 novembre, à Orléans (Loiret).

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Pour son troisième congrès technique à Orléans, jeudi 23 novembre, la Fédération du négoce agricole a offert de nouveau à ses négociants une belle palette de solutions autour de leur métier. « Dans un contexte où se mêlent une réglementation dense qui évolue vite et un environnement global incertain », comme le souligne son président Antoine Pissier, et face aux nombreux bouleversements actuels, la FNA mise sur un levier bien particulier : la création de valeur à travers les innovations, fil rouge de ce nouveau congrès.

En effet, « l’innovation est source de valeurs », ainsi que l’affirme Benoît Rabilloud, directeur général du groupe Perret, en introduction des quatre ateliers organisés. D’après lui, l’innovation répond aux mutations du monde agricole et génère un attrait manifeste pour les nouvelles générations. Mais innover n’a rien d’inné ni d’aisé. « Il s’agit de trier les solutions les plus pertinentes, d’accepter de prendre des risques, mais aussi de raisonner dans un temps plus long que celui de la campagne agricole et donc d’adapter son business model », poursuit-il.

Benoît Rabilloud, DG du groupe Perret, et Sandrine Hallot, directrice du pôle produits, marché et services à la FNA. (© M.HILARY)

Quinze sociétés partenaires

Si l’innovation surgit parfois en interne, elle est souvent codéveloppée avec des acteurs externes. Une quinzaine de sociétés, devenues partenaires de la FNA, ont ainsi présenté leurs solutions à travers quatre thèmes : l’amélioration de la qualité sanitaire, le renforcement de la traçabilité, la valorisation des données par des outils adaptés et la sécurisation des transactions commerciales.

Des solutions déjà testées et applicables directement dans les entreprises, certaines étant en cours d’utilisation par quelques négoces. Et pour donner plus d’impact aux interventions déroulées, cinq négociants sont venus partager leur expérience au sein des ateliers.

Détecter en temps réel les contaminants

En introduction de l’atelier 1 sur la qualité sanitaire, Benoît Méléard, d’Arvalis, a rappelé le rôle de plus en plus pesant « des évolutions climatiques sur les contaminants ». Cette qualité sanitaire commençant au champ, la société Telespazio a été invitée à présenter d’abord sa solution GeoAdventice de localisation d’adventices, comme le datura, par drone pour aider à leur élimination future.

À défaut, au moment de la collecte, l’appli PocketLab présentée par Inarix peut permettre, à partir d’une simple photographie d’échantillons, de mettre de côté les lots très pollués de façon préventive. Cette appli donne aussi instantanément des indications variétales et le taux de protéines, tout comme l’analyse dans le flux de Perten renseigne sur la qualité des produits en temps réel, avec ou sans contact.

La tendance dessinée par ces solutions permettra-t-elle à l’avenir de réaliser le rêve de tout organisme de collecte « d’avoir un appareil qui analyse les grains et permet en 5 à 6 minutes l’accès à toutes les datas dont il a besoin pour un allotement efficace : critères technologiques et teneur en mycotoxines », ainsi que le décrit Pascal Pusset, directeur QHSE du groupe Armbruster ?

Améliorer la traçabilité

Une fois la qualité sanitaire du lot garantie, sa traçabilité est importante. Les nouvelles technologies facilitent le suivi des trajets par la géolocalisation (solution Flottech), favorisent l’élaboration de plans de vente-collecte-stockage optimisés tout en augmentant la marge (Plan & Save de la société Javelot). Ou encore délivrent un historique du contenant d’une benne grâce à une appli de la société Facilitateur travaillée avec le négoce RAGT Plateau Central.

Le directeur QHSE de ce négoce, Serge Tardin, explique ainsi que « lorsque le chauffeur scanne le QR code de la benne, des informations sur les trois dernières marchandises transportées et le nettoyage apparaissent. Le conducteur décide alors de décharger ou pas. Et autre usage plus récent : le traçage de la désinfection des camions dans des zones à problématique sanitaire. »

Ces solutions, et d'autres projets également, comme le projet logistique Coésio porté par Intercéréales et présenté par Agdatahub qui y participe, font intervenir de la donnée que cette plateforme propose de sécuriser. « Nous ne sommes pas une base de données, mais nous permettons de la faire circuler », avance Albane Thouery d'Agdatahub.

Serge Tardin, directeur QHSE de RAGT Plateau Central. (© H. LAURANDEL)

Gérer la multitude de datas collectées

À ces besoins de traçabilité s’ajoutent la multiplication des labels ainsi qu’une lourdeur administrative pour vérifier leur bonne réalisation. « Nos objectifs sont de centraliser la donnée pour éviter de la ressaisir, la rendant ainsi plus fiable et optimisant alors le temps de chacun, expose Myriam Cabamus, responsable qualité du groupe Bernard. Nos démarches sont réunies sur l’outil Wiuz. À partir de là, nous avons commencé à travailler avec FarmLeap sur la partie durabilité et avons ainsi réduit de 80 % le temps de saisie. Nous continuons avec eux sur la HVE et nous avançons surtout sur la gestion de données avec le lancement de notre démarche Agr’eau écologie autour de la biodiversité, l’eau et le carbone. »

Le travail autour de la data facilite aussi l’identification de débouchés via la rémunération de tonnes de CO2 par ha (solution Cargill RegenConnect) ou le diagnostic carbone de l’exploitation agricole (en 15 minutes avec le nouvel outil CarbonTester d’Agrosolutions et de Smag ou avec la version simplifiée de MyEasyCarbon).

Clément Albouy (à dr.), délégué de Négoce Pyrénées Méditerranée, animait l'atelier où intervenaient notamment Myriam Cabamus, responsable qualité du groupe Bernard, et Anaël Bibard, cofondateur de FarmLeap. (© H. LAURANDEL)

Commercer en toute sécurité

Enfin, la commercialisation des grains a elle aussi son lot d’innovations : signature électronique de contrats sécurisés (solution Nova Collecte d’Agrivitech) et limitation de la volatilité des prix avec la fixation d’un prix objectif (solution Perfarmer), ou encore état des lieux de l’assolement (plateforme de suivi des cultures Hyperplan).

« En général, c’est la preuve d’accord entre les parties qui pose problème », affirme Joël Leplatre, arbitre à la Chambre arbitrale de Paris et DG du négoce Leplatre. Pour sa part, Jean-François Quiviger, responsable QHSE à La Source Bretagne, a mis en place la signature électronique avec DocuSign, il y a deux ans, sur les contrats de céréales. « Elle a apporté de la sécurisation et un gain de temps énorme avec des rappels automatiques tant que la signature n’est pas faite. »

Pour conclure ce congrès technique, après le point de vue de deux chercheurs de l'Inrae, Antoine Pissier a invité les négoces à « penser à demain en mettant en place et en testant aujourd’hui les outils qui fonctionnent déjà », tout en soulignant que « l’innovation doit toutefois nous permettre d’être plus performant et plus rentable ».

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